désormais Rosalind Franklin
Bretagne est un navire croisière, opéré par Brittany Ferries entre 1989 et 2024. À sa construction, Bretagne est le ferry le plus imposant que la compagnie opère. Malgré l’arrivée des plus imposants Val de Loire en 1993 et Pont-Aven en 2004, Bretagne occupe une place singulière dans la flotte jusqu’à son retrait, en 2024.
Bretagne doit son nom à une région historique et culturelle du Nord-Ouest de la France, dont est originaire Brittany Ferries. La Bretagne est également l’une des six nations celtiques.
| M/V Bretagne (1989 – 2024) | |
|---|---|
| Le Navire | |
| Lancement | 4 février 1989 |
| Voyage Inaugural | 16 juillet 1989 |
| Chantier Naval | Chantiers de l’Altantique (Alsthom), Saint-Nazaire, France |
| Coût | 437 millions de francs |
| Lignes | Roscoff – Plymouth (1989 – 1992 ; 2005) Roscoff – Cork (1989 – 1992) Santander – Plymouth (1989 – 1992) Saint-Malo – Portsmouth (1993 – 2004 ; 2006 – présent) |
| IMO | 8707329 |
| MMSI | 227286000 |
| Signe d’Appel | FNBR |
| Port d’Immatriculation | Morlaix, Bretagne, France |
| Caractéristiques Techniques | |
| Longueur | 158,80 m |
| Largeur | 26,00 m |
| Tirant d’Eau | 6,20 m |
| Tonnage | |
| Jauge Brute | 24 534 GT |
| Jauge Nette | 13 342 NT |
| Poids Mort | 3 249 DWT |
| Caractéristiques des Moteurs | |
| Moteurs Principaux | 4x Wärtsilä-Crepelle, 12 cylindres de 4 435 kW (Nommé de 1 à 4 Véronique, Sandra, Fabienne et Gwenn) |
| Propulsion | 2 hélices à pas variable 2 propulseurs d’étrave |
| Vitesse | 24 nœuds (max) ; 20,40 nœuds (service) |
| Moteurs Auxiliaires | 3 générateurs |
| Passagers & Fret | |
| Capacité Passagers | 2 056 passagers + 134 membres d’équipage |
| Installations Passagers | 376 cabines (1 146 couchettes) + 319 sièges Les Abers, Restaurant à la carte La Baule, Restaurant self-service La Gerbe de Locronan, Café (modernisé en 2009) Le Gwenn Ah Du, Bar Yacht Club, Piano bar 2 salles de cinéma |
| Garage | 580 voitures ou 62 remorques + 200 voitures |
La genèse de Bretagne
La naissance d’un ferry croisière
Lancées en 1978, les lignes Plymouth – Santander et Roscoff – Cork connaissent rapidement un grand succès de fréquentation. En 1980, Brittany Ferries acquiert Breizh Izel pour augmenter la capacité fret de ces lignes et en 1982, Armorique est remplacé par Quiberon, un navire plus gros de moitié. Cependant, dès 1985, la capacité de Quiberon se révèle à son tour insuffisante. Brittany Ferries étudie son allongement mais il apparaît asse vite que seul un navire neuf pourrait apporter les performances souhaitées.
Brittany Ferries entreprend alors les négociations les chantiers écossais GOVAN et néerlandais Van der Giessen de Noord pour sa construction. Cependant, les actionnaires de la Brittany Ferries et le gouvernement expriment leur souhait que ce nouveau navire, d’ores-et-déjà baptisé Bretagne, soit construit en France, aux Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire. Le contrat de construction est finalement signé en juin 1987, pour un montant de 437 millions de francs.
Premier navire neuf pour Brittany Ferries depuis la livraison de Cornouailles, Bretagne doit accompagner la croissance du trafic de loisir des lignes de l’Atlantique. Pour ce faire, son armateur souhaite en faire un ferry proposant des prestations proches de celles d’un navire de croisière. Quelques années avant l’ouverture du Tunnel sous la Manche, Brittany Ferries souhaite attirer une nouvelle clientèle à bord de ses navires pour laquelle la traversée serait une part intégrante du voyage.
Pour ce faire, la compagnie s’appuie sur les aménagements réalisés sur le Duc de Normandie en 1986. Duc de Normandie était alors le premier ferry de la compagnie à avoir été intégralement repensé en amont de sa mise en service. Duc de Normandie est ainsi le premier à disposer d’une brasserie et d’une décoration thématique. Bretagne développe le modèle en introduisant un restaurant semi-gastronomique, Les Abers, et des cabines premium plus spacieuses.
Pour donner à son nouveau navire un caractère unique, Brittany Ferries attribue à l’artiste écossais Alexander Goudie la plus grosse commande d’art jamais passée à un artiste britannique en une seule fois. Ainsi, lexander Goudie réalise pour Bretagne près de 400 œuvres d’art qui font du navire une véritable galerie flottante. Toutes ces œuvres retracent des scènes de vie de la culture bretonne.
Un navire avant-gardiste
Le cahier des charges de ce nouveau navire prévoit que ce dernier doit avoir une consommation de carburant similaire à celle de Quiberon, tout en ayant une jauge deux fois plus importante. Pour ce faire, un important travail est mené sur son hydrodynamisme. De plus, Bretagne est doté d’une proue imposante avant de lui offrir davantage de portance dans les vagues du Golfe de Gascogne. Cette architecture améliore significativement sa tenue à la mer par rapport à Quiberon.
Par ailleurs, Bretagne met en œuvre plusieurs innovations techniques. Il l’est des premiers à pouvoir rentrer au port par ses propres moyens en cas de perte de puissance. Son système de détection d’incendie est adressable, permettant de localiser depuis la passerelle le foyer d’un éventuel départ de feu. En parallèle, le garage est équipé d’un système d’extinction automatique. Enfin, il est le premier à être équipé d’un système de barres séparées, permettant de commander chacun des safrans séparément de l’autre lors des manœuvres.
La mise en service d’un navire amiral
Le lancement de Bretagne était initialement prévu en octobre 1988. Cependant, la construction est retardée par une grève des ouvriers des chantiers Alsthom contre un projet de réorganisation. Bretagne est finalement le 4 février 1989 et il réalise ses essais en mer au large de Belle-Île au mois de mai.
Livré le 10 juillet 1989 à la Sabemen, Bretagne est baptisé le 12 juillet 1989 à Roscoff et il entamer le 16 juillet sa première traversée de Plymouth vers Santander. Quiberon est alors repositionné sur la ligne Roscoff – Plymouth.Sa première année de service est perturbée par quelques pannes sur sa boîte de vitesse, mais surtout par les retards chroniques qu’il prend lors des escales. En effet, les procédures d’embarquement n’avaient pas significativement été modifiées par rapport au Quiberon, pourtant près de deux fois plus petit.
Introduisant de nouveaux standards de confort, Bretagne connaît rapidement un grand succès auprès de la clientèle. Dès sa première année de service, Bretagne se voit attribuer cinq étoiles au guide de l’Automobile Association. Sa popularité fait qu’il est rapidement dépassé par son propre succès. Durant l’été 1991, une troisième traversée hebdomadaire est créée entre Plymouth et Santander, assurée par Quiberon. Brittany Ferries étudie alors son remplacement par un navire plus imposant.
En février 1992, Brittany Ferries acquiert Nils Holgersson, un ferry de 1987 au tonnage 30% plus important que Bretagne. Afin de proposer des prestations au même standard que Bretagne, le navire est modernisé en profondeur en prévision de sa mise en service pour la saison 1993.
Le transfert de Bretagne sur le transmanche
Durant l’hiver 1993, Bretagne est employé sur la ligne Caen (Ouistreham) – Portsmouth ainsi que sur une nouvelle ligne Portsmouth – Santander. Puis, il retrouve les lignes de l’Atlantique jusqu’à la mise en service de Val de Loire, en juin 1993. Bretagne est alors repositionné sur la ligne Saint-Malo – Portsmouth, à la fréquentation moribonde, en remplacement de Duchesse Anne.
L’arrivée de Bretagne permet, en un an, de quadrupler les volumes transportés entre Saint-Malo et Portsmouth. Il fidélise rapidement une clientèle attirée par son niveau de prestation et par les horaires d’une traversée qui permet de réellement profiter du navire.
Durant la saison hivernale, Bretagne continue d’opérer une rotation hebdomadaire entre Portsmouth et Santander.
Bretagne dans la bataille du transmanche
Au début de l’année 2001, Bretagne bénéficie d’une opération de modernisation pour le mettre en conformité avec les dernières évolutions réglementaires. Il est notamment équipé de réserves de flottabilité sur ses flancs, accroissant sa largeur de près d’un mètre.
Courant 2002, Brittany Ferries annonce la commande d’un nouveau navire amiral pour remplacer un Val de Loire lui-même dépassé par son propre succès. La mise en service de Pont-Aven en mars 2004 permet la création d’un service entre Cherbourg et Portsmouth mutualisé avec la ligne Saint-Malo – Portsmouth. Ces deux lignes sont exploitées par un tandem entre Bretagne et Val de Loire.
La sur-capacité provoquée sur cet axe maritime précipite la décision de P&O Ferries de mettre un terme à ses activités trans-manche au départ de Portsmouth. Dès l’été 2005, malgré la disparition de P&O Ferries, Brittany Ferries rétablit les horaires de la ligne Saint-Malo – Portsmouth de l’été 2003 et y affecte Val de Loire. Bretagne est transféré sur la ligne historique de la compagnie, entre Roscoff et Plymouth où il remplace Duc de Normandie.
À la faveur de la vente de Val de Loire à l’armateur danois DFDS, Bretagne retrouve la ligne Saint-Malo – Portsmouth en 2006. Durant l’hiver 2007, Bretagne assure le remplacement de Barfleur pendant deux semaines. Il devient alors le premier navire à avoir desservi l’ensemble des ports de la compagnie.
En 2007, la vente de Coutances fait de Bretagne le doyen de la flotte, à l’âge de 18 ans.
La rénovation du vingtième anniversaire de Bretagne
En 2009, Bretagne bénéficie d’une opération de prolongation de parcours après 20 ans de service, pour un montant de 5 millions de livres. 50 nouvelles cabines sont créées tandis que les cabines existantes et le self-service sont rénovés. Le salon de thé La Gerbe de Locronan du pont 9 est remplacé par un café avec une offre de snack. Enfin, l’espace dédié aux sièges inclinables est réduit au profit d’un espace détente. Cette rénovation permet d’adapter Bretagne aux nouvelles aspirations de la clientèle.
À partir de l’hiver 2011-2012, Bretagne est désarmé durant le creux de la saison hivernale. Ses aménagements de ferry croisière sont en effet onéreux à exploiter dans des périodes avec peu de voyageurs à bord alors que la compagnie traverse une période difficile sur le plan économique. Par ailleurs, l’entrée en vigueur des normes de plafonnement des émissions de souffre, le 1er janvier 2015, augmente les coûts d’exploitation de Bretagne, désormais contraint de fonctionner au fuel désoufré.
Le remplacement de Bretagne, un marronnier
Des esquisses d’un navire au Gaz Naturel Liquéfié…
Fin-2013, Brittany Ferries présente le projet Pegasis, un navire 25% plus imposant que Pont-Aven fonctionnant au Gaz Naturel Liquéfié (GNL). À sa mise en service annoncée pour 2017, ce ferry deviendrait le navire amiral de la compagnie, affecté aux lignes Roscoff – Cork et Plymouth – Santander. Il est alors prévu de transférer Pont-Aven, modifié pour fonctionner au GNL, sur la ligne Saint-Malo – Portsmouth en remplacement de Bretagne.
Cependant, Brittany Ferries ne parvient pas à réunir les financements pour construire ce nouveau navire et est contraint de reporter le projet. Toutefois, le 25 juin 2015, Jean-Marc Roué, le président de Brittany Ferries, confirme que le remplacement de Bretagne par un nouveau navire à l’horizon 2019 est à l’étude. En parallèle, il évoque pour la première fois le remplacement de Normandie et de Cap Finistère.
Le 1er novembre 2015, peu avant son appareillage de Saint-Malo, l’un des générateurs auxiliaires de Bretagne prend feu. L’incendie est rapidement circonscrit par l’équipage, ne laissant que des dommages limités au navire.
Durant l’hiver 2018-2019, Bretagne est repeint pour adopter la nouvelle charte graphique unifiée de la compagnie. Il perd à cette occasion les caractéristiques bandes bleues qui décorait la face frontale de sa superstructure.
…à une immobilisation contrainte….
Les confinements décrétés en raison de la progression de la pandémie de Covid-19 contraignent Brittany Ferries à désarmer Bretagne à compter du 18 mars 2020. Le navire reprend son service le 17 juillet 2020, mais les restrictions de voyages réduisent fortement la fréquentation de la ligne Saint-Malo – Portsmouth. De nouvelles restrictions de voyage anticipent son désarmement hivernal au 7 septembre 2020.
Le 17 février 2021, Brittany Ferries annonce que Bretagne ne naviguerait pas durant l’été 2021. La ligne Saint-Malo – Portsmouth est opérée par Armorique durant l’été 2021.
…à la commande de Saint-Malo
Malgré les pertes générées par l’arrêt des traversées durant la pandémie de Covid-19, Brittany Ferries annonce le 21 juillet 2021 la commande du nouveau navire destiné à remplacer Bretagne, alors âgé de 32 ans. Pour sécuriser un délai de livraison raisonnable et réduire le coût de l’opération, Brittany Ferries s’appuie sur la plateforme E-Flexer pour concevoir un nouveau navire, conçu spécifiquement pour les caractéristiques de la ligne de Saint-Malo.
Alors que son heure est désormais comptée, Bretagne reprend son service le 27 mars 2022 au départ de Portsmouth vers Saint-Malo. Durant les hivers 2022 et 2023, Bretagne est désarmé dans le port du Havre.
Le terme de 35 années de carrière de Bretagne
Le 21 mars 2024, Bretagne entame sa dernière saison pour Brittany Ferries sur la ligne Saint-Malo – Portsmouth. Le 28 mai, Bretagne réalise des essais d’accostage dans le port de Saint-Hélier. Ces essais ont lieu dans le cadre de l’appel d’offre pour le renouvellement de la concession de desserte des îles Anglo-normandes depuis Portsmouth et Saint-Malo.
Le 3 novembre 2024, Bretagne entame sous grand pavois sa dernière rotation entre Saint-Malo et Portsmouth, escorté par les remorqueurs des deux ports pour commémorer ses 35 ans de carrière. Le 4 novembre, Bretagne touche la rampe de Saint-Malo pour la dernière fois sous un épais brouillard. À 9 heures, il croise dans l’avant-port Armorique, chargé de l’intérim jusqu’à la livraison de Saint-Malo. Après un dernier déhalage dans la baie de Saint-Malo, Bretagne quitte définitivement le port malouin dans l’après-midi pour Le Havre, où il est désarmé dans l’attente d’un repreneur.
La renaissance de Rosalind Franklin
En mars 2025, Balearia annonce l’acquisition de Bretagne pour opérer des traversées de Barcelone vers Alger, Oran et Palma de Majorque à compter du 16 juin 2025. Renommé Rosalind Franklin, le navire quitte Le Havre le 18 mars pour Cadix. Le navire y bénéficie d’une modernisation en profondeur, permettant de l’adapter aux attentes de son nouvel armateur.
Le 07 mai 2025, Rosalind Franklin est mis en service de manière anticipé sur la ligne Almería (Espagne) – Nador (Maroc).
Nous remercierons le commandant Le Josne, l’état-major et l’équipage du Bretagne pour leur accueil à bord du navire lors de notre traversée du 02 août 2015.
Sources
- « Mv Bretagne, Past and Present ». In Dover Ferry Photos Forum, ; ; , 2015. [consulté le 29 avril 2025]. Disponible sur www.doverferryphotosforums.co.uk ;
- « M/F Bretagne ». In The Ferry Site, , 2015. [consulté le 21 août 2015]. Disponible sur www.ferry-site.dk ;
- « Brittany Ferries ». In Simplon Postcards, , 2008. [consulté le 21 août 2015]. Disponible sur www.simplonpc.co.uk ;
- « MV Bretagne ». In Wikipedia, , 2015. [consulté le 29 avril 2025]. Disponible sur en.wikipedia.org.